VEJER DE LA FRONTERA - TANGER
91km
4h48, moy.: 18.9km/h
C'est le grand jour! Si je roule bien, je dormirai au Maroc ce soir!
Je démarre donc particulièrement tôt. Il ne fait pas encore vraiment clair quand je me mets en selle.
Je longe la côte, mais je ne vois toujours pas la mer.
Je suis la nationale qui relie Cadix à Malaga. Elle est très encombrée, même de bon matin!
Il y a beaucoup de vent. Cela sent la mer!
La voilà!
Un peu avant Tarifa. A 2470km de chez moi, je suis en face de l'Océan Atlantique pour la seconde fois de ce voyage.
J'arrive à Tarifa dans la matinée.
Devant moi, à gauche: la Méditérannée, à droite: l'Atlantique.
C'est le Cap Sud de l'Europe, l'extrême pointe du continent.
Là-bas, de l'autre côté, à peine à 14km: La côte marocaine!
Je fais quelques photos pour marquer le coup. Cela fait quand même quelquechose de se retrouver là, après ces millions de coups de pédales.
Je me présente au port pour traverser sans tarder.
Déception: ils ne prennent pas de véhicules, pas même les vélos, durant les mois de juillet et d'août!
Il me faut continuer jusque Algéciras, à 41km d'ici.
Il y a un deux petits cols à passer.
Les éoliennes plantées à leurs sommets profitent bien des vents violents qui soufflent ici. Moi, le vent ne me sert pas, bien au contraire. Je le reçois en pleine face durant toute l'ascension!
C'est ici que je donne mes 25 coups de sonnette, signe du passage de la ligne imaginaire des 2500km!
Ensuite, belle descente vers Algéciras.
Je vais directement au port.
Je me présente pour l'achat de mon billet. Un passager et un vélo.
Cela fait 32€ plus 30€ pour le vélo... Je paie. La préposée tape mes coordonnées sur son clavier. Comme véhicule, elle n'a le choix qu'entre voiture, bus... ou "motocycletta".
Elle coche donc la case "motocycletta". L'ordinateur lui demande alors: marque, numéro de plaque...
Il n'imprimera pas de billet sans avoir ces données!
Un vélo n'étant pas immatriculé, elle recommence, une fois, deux fois, trois fois...
L'ordinateur, tétu, ne veut rien entendre. Il exige un numéro de plaque!
Alors, en colère contre une machine aussi stupide, l'employée me rend mes 30€!
"Vous n'avez qu'à enlever la selle. Sans selle, ce n'est plus un vélo, mais un bagage à main.
Vous pourrez alors passer avec les passagers piétons"...
Merveilleuse technologie qui m'a fait éconnomiser 30€ sur le prix de mon billet...
Je me présente donc, avec l'air le plus décontracté possible, dans la salle d'embarquement pour les piétons. Aucun problème, personne ne s'étonne de voir un vélo au milieu des valises. Il est vrai que sans selle, ce n'est plus un vélo. Où avais-je la tête...
Quand même! Le flic de service aura un sourire goguenard quand il me verra déposer mon vélo sur le tapis roulant du scanner à bagages.
2 cm de plus, et il ne passait pas...
Traversée du détroit de Gibraltar à bord d'un bâteau assez ancien et lent, remis en service durant les mois d'été. Mais j'aime mieux cela, car, contrairement aux nouveaux, ces vieux ferries possèdent des ponts extérieurs. Ce qui m'a permit d'observer plusieurs dauphins nageant dans notre sillage.
Grâce aux deux heures de décallage horaire, il n'est que 14h quand j'arrive à Tanger.
En traversant la ville, je rencontre un cyclo marocain: Zacharias, 25ans, instituteur.
Il arrive d'Essaouira et compte bien faire le tour du Maroc avant de rentrer vers Rabat. On boit un verre ensemble sur une terrasse. Photo souvenir, et nous nous quittons rapidement, car il a rendez-vous avec un ami qui doit l'héberger.
Quant à moi, je me rend de suite au camping Miramonte, sur la route du Cap Spartel. Je passe le reste de la journée à me prélasser sur le bord de la piscine.
Le soir, je m'offre un bon resto pour fêter mon arrivée au Maroc.
Je ne sais plus avoir l'heure. Depuis que ma montre a rendu l'âme en Espagne, c'est sur le compteur du vélo que je regarde l'heure. Mais il fait à nouveau des siennes.
Il s'est déjà remis à zéro deux fois. Maintenant, la commande des fonctions débloque complètement. Comme je ne tiens pas à perdre de nouveau mon kilométrage, j'ai décidé de ne plus changer de mode de lecture. Il restera sur le totalisateur de kilomètres!
Il a fait chaud aujourd'hui. Il est clair qu'ici, je ne dois pas rouler du tout l'après-midi.
Le camping où je suis installé est bruillant. J'ai comme voisins de tente, deux familles nombreuses... Les enfants jouent en faisant beaucoup de bruit, tandis que les parents discutent vivement, faisant profiter tout le camping de leur conversation. Je ne sais pourquoi, mais je suis certain qu'ils font faire du bruit toute la nuit...
Quoi qu'il en soit, dès qu'il fait un peu sombre, je plonge dans ma tente. Des chauves-souris volent entre les palmiers, des cigales chantent dans les eucalyptus, ce serait presque une ambiance bucolique, s'il n'y avait tout ce bruit!
Hier... Demain...