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PrÉSentation

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21 septembre 2005 3 21 /09 /septembre /2005 00:00

 

Oignies - Château Porcien
89.7km
     5h40, moy. :15.8km/h

 

 

 

Dimanche 19 juin 2005, c’est le grand jour !
 
Depuis quelques jours, la tension montait. Vérification du matériel, visite chez le médecin, itinéraire imprimé et découpé en étapes, sacoches chargées et déchargées des dizaines de fois avant d’enfin trouver une place pour chacune des choses que j’emporte, et qui sont toutes indispensables, coups de téléphone de la famille et d’amis qui me disent au revoir en se demandant encore pourquoi à 50 ans on choisit de faire un tel voyage. « Pourtant, tu n’as pas l’air si sportif… » me dit ma sœur, d’autres sont plus directs : « Ne pars pas, tu n’arriveras pas vivant ».
 
Je revois leurs visages en prenant mon dernier petit déjeuner d’homme sédentaire. Je regarde les enfants que je quitte pour plus d’un mois. Jamais je n’ai plus douté de la réussite de ce voyage qu’en ce moment. Normal, c’est toujours comme cela la veille des grands départs.
 
J’ai eu raison de faire en sorte qu’il n’y ai personne d’autre qu’eux pour le départ. Il a été décidé que Latifa et les enfants m’accompagneraient jusqu’au Centre de l’Europe des 15, à 5km de la maison, d’où je prendrai mon vrai départ. Nous sortons les vélos. Un passant me demande où je vais, je lui répond « je pars pour le Maroc ». J’apprendrai plus tard qu’il n’a pas crû un mot de ce que je lui disais...
 
Nous partons. Kevin mène la marche sur son VTT,  je le suis, puis Samira, qui peste contre la grimpette à la sortie du village, et enfin Latifa, qui tire la charrette dans laquelle a pris place Sabrina. Chacun fait montre d’une  bonne humeur un peu forcée.
Nous nous rassurons mutuellement, chacun crâne et plaisante. Les mouchoirs ne seront mouillés qu’après mon départ…
Photos, bisous, rephotos et rebisous : j’ai horreur des départs. Pourtant, sans eux,  pas de voyage !
 
Premiers tours de roues, premier virage, Kevin prend la dernière photo.
 
C’est parti !
 
Comme il va faire très chaud (on prévoit 33°), je vais rouler un maximum le matin. Je m’arrêterai vers midi pour manger et faire une longue sieste. Ensuite, je repartirai vers Ecly, qui est mon but aujourd’hui. Je m’arrête une première fois  après 20km. Je règle mon dérailleur qui me donne quelques soucis (ça commence fort). Je mange une gaufre au sucre et je bois, je bois beaucoup ! Il fait déjà chaud.
 
Quand je repars, c’est une terrible côte qui m’attend, pour sortir de la vallée de la Meuse. J’en aurai de bien plus fortes plus tard, mais celle-ci est ma première et je manque visiblement d’entraînement. J’ai 20kg de bagages, plus la nourriture et 2L d’eau… Je peine, je mouille mon T-shirt, la sueur ruisselle de partout, mais je tiens bon. Je me suis promis de ne monter aucune côte à pied. Je peux à la rigueur la faire en plusieurs fois, mais toujours sur le vélo ! C’est une affaire entre elle et moi ! Je roule à 5km/h. Véhicules lents, serrez à droite… Mètre après mètre, je grimpe. Encore un virage et je m’arrête. Non, je vais jusque cet arbre. Non, je continue jusque ce banc. Allez, un effort jusqu’au parking à 200m.  Doucement, le paysage commence à s’élargir, le sommet ne doit pas être loin,ce serait c** de s’arrêter maintenant. Je peux l’avoir ! Véhicules lents, cédez le passage à 300m ! 200m ! 100m !  Au sommet, je m’écroule à côté du vélo : j’ai passé avec succès mon premier examen…
 
Je souffle un peu et je repars,  vers midi, je m’arrête dans une belle forêt de chênes.
 
 
 
 
Je mange un sandwich, vide un coca et le reste de l’eau. C’est bien, je n’ai déjà plus rien à boire ! Quelle organisation !
Il fait très chaud, même à l’ombre. Je sors mon matelas et l’installe au pied d’un arbre. Je me repose un peu.
 Mais assez vite, j’attrape des crampes dans les cuisses. Je dois me lever dare-dare. Zut ! Les crampes et les chiens sont les deux choses qui me font le plus peur pour ce voyage. L’an dernier, durant notre voyage à Texel, j’en ai eu durant toute une semaine ! Je marche un peu, je tourne en rond… cela a l’air de passer. Comme sieste, on fait mieux.
 
Une voiture s’arrête et toute une famille s’installe pour manger un bout. Voyant mon vélo chargé comme un mulet, la dame s’approche et me questionne sur ma destination.  C’est une randonneuse qui compte « faire Saint-Jacques ».  Ils repartent en me souhaitant bon voyage.
 
A 17h30, quand je reprends la route, il fait encore très chaud. Avec l’heure d’été, il n’est en fait que 15h30 pour le soleil. Il me reste 17km à faire. Je suis épuisé. Cette journée n’a été qu’une succession de côtes. Je manque vraiment d’entraînement. A Sery, la terrasse d’un bistrot est vraiment trop tentante. Je m’y arrête. Que c’est bon une bière fraîche ! J’achète une canette de Coca et je vais au cimetière en face, pour faire le plein d’eau.
 
Vers 18h30, je suis à Ecly, mon étape normale. Château-Porcien n’est qu’à 4km… j’y vais. Je m’installe sur un banc près du canal des Ardennes, à l’ombre d’un immense silo à grains.  Pour la première fois, je sors réchaud et popote. Malgré la chaleur, je dévore littéralement une grosse boîte de cassoulet et une baguette.  Qu’est-ce que j’avais faim !!!
 
Je repars à la recherche d’un endroit pour dormir. Ce n’est pas évident dans le coin… Dès qu’on quitte le canal,  on se trouve totalement à découvert dans d’immenses champs de blé. Finalement, après plusieurs détours inutiles, je finis par trouver un chemin en cul-de-sac qui mène à un champ de maïs, en bordure du canal. Un talus me dissimule à la vue, c’est parfait. J’installe la tente, et me couche aussitôt.
 
J'ai couvert le vélo avec la bâche et mis les deux antivols ainsi qu'une alarme sensée me réveiller dès que l'on y touche...
La nuit tombe vite.
J'ai difficile de trouver une position confortable,
le sol n'est pas très régulier. Pour couronner le tout, j'ai des crampes aux deux cuisses. J'entame un massage systématique des muscles de mes jambes. Il faut entrenir la machine!
 
 
Je ne suis pas couché depuis 15 minutes qu'un bruit me fait sursauter. L'ouverture-moustiquaire de la tente se trouve en hauteur. C'est donc à genoux que je scrute la nuit...
Le bruit s'est arrêté. Plus rien... Je me recouche.
Pas pour longtemps! Quelques minutes plus tard, ça recommence. Des bruits de pas, des bruits de toux... et même d'autres bruits corporels que la décence m'interdit de préciser davantage... Quel porc!
Pour la deuxième fois, je me retrouve à genoux, le tête collée à la moustiquaire. Quelque chose bouge, là, à droite! Cela avance de quelques mètres, stoppe et repart.
Ma parole, c'est un sanglier!!!
Un énorme sanglier qui fouille consciencieusement le sol. Il descend près du canal, remue une bâche abandonnée, revient près de la tente...
A chaque nouveau bruit, je me retrouve à genoux, observant ce drôle de visiteur.
A tout hasard, je prépare l'appareil photo. C'est tout ce que j'ai pour me défendre. Un éclair du flash dans le groing... devrait pouvoir l'éloigner.
En fait, il ne s'est jamais approché de la tente à moins de 7 à 8 mètres... Aux premières lueurs du jour, il a disparu, me laissant sur les genoux, au propre comme au figuré, et complètement sonné par cette première nuit blanche...
 
 

    ...   ...Demain
 
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commentaires

R
Bonjour,Je viens de tomber sur ton blog, je vais lire ton carnet de bord, j'aime les aventures comme la tienne.Ton histoire de sanglier m'a bien fait rire ;)
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