MIXE - HENDAYE
120km
7h11, moy,. 16.7km/h
Levé vers 5h30, départ à 6h30. Je roule bien durant toute la matinée.
La route est plus fréquentée au fur et à mesure que je descends plus au sud...
Je dîne (pain, fruits), à l'entrée de Bayonne, sur le pont qui franchi l'Adour.
Je regarde longtemps, fasciné, les milliers de méduses qui remontent son cours.
J'entre dans le Pays-Basque français. La route devient plus valonnée. Je vois la mer pour la première fois de mon voyage.
L'Océan Atlantique.
La très belle route de la corniche me mène à Hendaye, ma dernière ville française. Les vues sur l'océan sont superbes.
Je double une cyclote avec son fils de 12 ans. Ils arrivent de Tarbes. Ils terminent leur voyage à Hendaye.
Après 1125km, je suis à la frontière espagnole. Curieusement, au lieu de m'encourager, cela me fait tomber le moral à zéro!
Je me sens fatigué, j'ai beau faire et refaire tous mes calculs, je ne vois pas le bout de cette route!
Quand j'ouvre la carte d'Espagne et que je suis le petit trait qui sera mon chemin, je perds tout mon courage.
Bref, pour la première fois, j'en ai marre!
Marre de tout ce fourbis que je porte et qui pèse une tonne, marre de ces côtes, marre de mal manger, marre de boire de l'eau croupie et tiède dans mes bidons...
Je savais que cela arriverait un jour.
Il faut que je me raisonne, que je me ressaisisse. Un voyage comme celui-ci ne se gagne pas uniquement à coup de pédales, il se gagne surtout avec la tête.
Je regarde les bâteaux se balancer dans le port, je bois une bonne bière à la terrasse d'un café. Je souffle un grand coup. Allez, ça va aller!
Je suis à Irun, quand je téléphone à Samira. Elle est très exitée, tout va bien à la maison, mais elle m'annonce que demain, à 13h45, la radio belge voudrait m' avoir au téléphone, en direct, dans une de leurs émissions.
Le Beau Vélo de Ravel est une émission consacrée au vélo et qui aura lieu demain en direct depuis notre village!
Je dois donner sur le champ un numéro de téléphone où ils pourront me joindre...
Je fais demi-tour. Je repasse le frontière, direction Hendaye d'où je communique le numéro d'une cabine téléphonique située en bord de plage.
Je fais les courses pour mon repas de ce soir lorsque je rencontre un cyclo, l'air assez épuisé, qui cherche sa route à un carrefour.
On fait connaissance, il arrive de Cerbère. Il vient de traverser toutes les Pyrénnées, d' Est en Ouest. Il a parcouru près de 900km, uniquement en haute montagne, passant par tous les cols possibles, faisant même des détours pour ne pas en oublier un seul!
Je suis littéralement scié! Quel voyage, et quel courage!
Il me demande aussi d'où je viens. Je lui dis que j'arrive de Belgique et qu'il me reste 2000km à faire pour arriver au bout de mon chemin. Là, c'est à son tour d'être soufflé.
Nous sommes tous les deux étonnés du voyage de l'autre. Il faut être un peu fou pour faire tous les cols des Pyrénnées, moi qui les contournerai lâchement...
Il faut être un peu fou pour se rendre au Maroc, via le centre de l'Espagne en plein été!
Il a alors cette belle réfection: "C'est quand même bien de rencontrer un autre cinglé, car parfois on se sent bien seul!"
A qui le dis-tu!
Cette rencontre et le coup de téléphone à la maison m'ont requinqué le moral.
Je m'installe au camping, qui est tout en pente! Drôle d'endroit pour installer un camping. Il n'y a pas un mètre carré de surface plane pour planter la tente.
Allons, je ne vais pas faire le difficile. Demain, je peux me lever tard!